AUTRES "DYS"
QUELS SONT-ILS ?
QUELS PROFESSIONNELS POUR LES PRENDRE EN CHARGE ?
( par S. Sabot )
La plupart de ces « dys quelque chose » sont des troubles neuro-biologiques qui trouvent leur origine dans des zones différentes du cerveau.
Les enfants qui en souffrent n’y peuvent rien, ils sont comme ça, sans être ni paresseux ni j’menfoutistes. Ils le seront toujours mais des prises en charges efficaces peuvent les faire vivre avec très correctement, voire comme s’ils n’existaient plus.
Ces « dys » sont d’intensité variable et certains fonctionnent souvent ensemble, par exemple une « dyslexie » est souvent accompagnée par une « dysorthographie », ou s’associent à d’autres troubles ce qui complique les choses.
Pour les détecter, une démarche par élimination est essentielle. Il est important de savoir si :
- l’enfant voit bien, entend bien.
- il ne souffre pas d’une affection neurologique autre, de trouble autistique, psychotique...
- s’il n’y a pas de déficience intellectuelle ( test QI )
- s’il ne souffre pas d’un trouble de la personnalité, de difficultés relationnelles, de dépression …
A la suite de cette démarche, des détections plus spécifiques peuvent être réalisées.
L’école est censée s’adapter à leurs besoins spécifiques et de plus en plus d’écoles le font sans problème.
LA « DYSGRAPHIE »
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LA « DYSPRAXIE »
Il s’agit d’un déficit de la coordination qui pénalise l’enfant dans ses gestes et ses mouvements quotidiens. Le cerveau et le corps ne communiquent pas bien. Le cerveau n’intègre pas correctement les séquences motrices qui permettent l’automatisation des gestes.
A chaque fois que l’enfant effectue un geste, c’est un peu comme s’il l’apprenait pour la première fois.
Le diagnostic peut être posé à partir de 4 ans
- Il y a plusieurs formes de dyspraxies qui peuvent amener
à des difficulté à se repérer dans l'espace. Exemple : fixer une ligne pour lire, suivre la trajectoire d’un objet, rechercher une information dans un texte, lire un plan, faire une figure géométrique avec des outils, …
à des difficulté à assembler des pièces pour construire un tout. La difficulté est dans l’assemblage des pièces les unes par rapport aux autres;
à des difficulté à réaliser un geste avec un objet ou un outil.
Tous ces gestes demandent trop de concentration à l’enfant qui se fatigue beaucoup pour réussir à les réaliser.
- Elle peut provenir de la consommation par la mère d’alcool pendant la grossesse. Dans une étude portant sur 71 enfants exposés à l'alcool in utero, 34 % étaient dyspraxiques.
Un grand prématuré a plus de risques d'être dyspraxique.
Elle peut provenir aussi d’accidents à la naissance : anoxie, AVC…
=> Le suivi est de longue haleine, car il nécessite diverses prises en charge.
Généralement, ergothérapeute, psychomotricien, orthophoniste.
- L’enseignant peut par exemple demander aux autres élèves d’être indulgents s’il les bouscule non intentionnellement.
Décomposer les activités proposées en tâches motrices simples, complexification progressive.
Eviter de lui proposer des activités de coloriage, découpage …Lui laisser du temps.
Les jeux graphiques doivent être accompagnés : repasser sur les contours, repasser sur les pointillés).
Verbaliser les gestes pour automatiser l’écriture : je forme une boucle qui monte, je fais un pont …
Différents aménagements sont proposés concernant les travaux écrits, les travaux mathématiques et la lecture.
LA « DYSLEXIE »
Il s’agit d’une altération spécifique et significative de la lecture.
L’enfant qui confond les sons, mélange les lettres, inverse les syllabes, lit très lentement en comprenant difficilement les textes. C’est comme s’il se trouvait devant une langue étrangère, les mots pour lui n’ont pas de sens. Ceci entraîne une lecture généralement hésitante, ralentie, truffée d’erreurs qui a pourtant demandée beaucoup d’efforts.
L’enfant souffre dans une école où les évaluations sont essentiellement écrites. Ils ont plus de chances dans les pays où il y a une plus grande correspondance entre les mots et leur prononciation. Ils souffrent d’un sentiment d’injustice parce qu’ils sont traités de paresseux.
C’est le trouble « dys » le plus fréquent. 4 à 8% des enfants, Avec 7 garçons pour 1 fille. Si les 2 parents le sont, le risque pour leurs enfants est multiplié par 8.
Les 2 hémisphères de leur cerveau sont de la même taille contrairement à la normale.
Il y a également des raisons cognitives car il existe 2 voies de lecture, phonologique et lexicale. Selon la région du cerveau altérée la dyslexie sera phonologique (il aura du mal à lire un mot nouveau) ou lexicale (il aura du mal avec un mot irrégulier).
Un bilan orthophonique le déterminera.
Si le trouble apparait dès le début de l’apprentissage, on peut véritablement parler de dyslexie après un retard de plus de 2 ans en lecture.
=> Des séances d’orthophonie 1 à 2 fois par semaine seront nécessaires ainsi que des aménagements à l’école.
Notamment il faudra adapter la méthode de lecture utilisée, une méthode syllabique est appropriée pour une dyslexie lexicale, une méthode globale ou semi-globale pour une dyslexie phonologique.
Il est nécessaire notamment de ne pas le gronder s’il fait des fautes d’orthographe en adaptant la notation de ses dictées, de ne pas le faire redoubler, ne pas le faire lire à haute voix, de l’encourager en lui faisant faire un exercice de moins puisqu’il est plus lent…
LA « DYSORTHOGRAPHIE »
L’enfant transforme mal les mots, il écrit phonétiquement et ne peut corriger ses textes pleins de fautes. C’est un trouble de l’acquisition et de la maîtrise de l’orthographe qui entraîne une altération de l’écriture.
L’enfant peut avoir du mal à mémoriser les mots, l’écriture est lente, irrégulière, maladroite, les cahiers sont sales, l’enfant a du mal à associer un graphème à un son, il inverse les lettres, il substitue un mot par un autre voisin…
Elle peut être isolée mais est souvent associée à la dyslexie et peut être repérée dès la maternelle.
Un bilan orthophonique permet de faire le diagnostic de dysorthographie car le déficit cognitif peut être d’ordre phonologique ou visuo-temporel.
Ensuite une rééducation orthophonique associée ou non à une rééducation chez le graphothérapeute ou le psychométricien.
LA « DYSCALCULIE »
Ce trouble consiste en une altération de la capacité à comprendre et à utiliser les nombres, il est très souvent associé à un autre « dys ».
Il n'a aucune origine connue, puisqu'il se retrouve chez des enfants ayant par ailleurs des résultats scolaires normaux et dont l'environnement familial et social est normal.
La dyscalculie concerne aussi bien les filles que les garçons. En France, on estime qu'environ 4% des enfants sont concernés.
Il est impossible à l’enfant d’utiliser correctement les chiffres et d’effectuer les opérations. Il a du mal à évaluer de petites quantité, à dénombrer, à écrire les chiffres, à lire les nombres, à comprendre le sens des nombres, à réaliser des calculs arithmétiques simples, à mémoriser les tables de multiplication, à distinguer certains symboles…
Des outils pour contourner les troubles sont également utilisés : calculettes, tableaux de nombres, logiciels spécifiques (trousse GéoTracé, GéoLabo, Cabrilog, etc.).
une attention particulière et une notation différenciée favoriseront la relation de l’enseignant à votre enfant dans son apprentissage mathématique spécifique.
=> Les soucis de traitement numérique sont en général bien rééduqués par l’orthophoniste ou le neuropsychologue. Ceux-ci pourront conseiller des outils informatiques pour travailler les écueils d’ordre visuospatial.
LA « DYSPHASIE »
Il s’agit d’un trouble sévère et durable de l’acquisition, de l’élaboration du langage oral.
On ne comprend pas quand l’enfant s’exprime. Il peut passer pour un enfant autiste ou psychotique.
Il peut rester muet et parler par le regard.
Il peut communiquer par des mimiques, des gestes. Il est intelligent comme les autres mais ne peut pas le montrer.
Malgré leur désir d’interagir avec les autres, ils éprouvent des difficultés à le faire.
Les enfants atteints de dysphasie commencent à présenter un retard de langage à partir de 2 à 5 ans. Souvent ils se découragent puisque les personnes autour d’eux ont de la difficulté à les comprendre. Ceci peut engendrer de l’isolement, de la colère, une atteinte de l’estime de soi, etc.
Lors de la détection, le test de QI peut monter une dysharmonie importante entre les facultés verbales et les autres. Souvent un écart d’au moins 20 points montre un problème spécifique du langage oral.
Ne touchant que 2% des enfants, surtout des garçons.
=> Une prise en charge orthophonique importante (2 à 3 fois par semaine) est nécessaire.
Il faut l’encourager pour qu’il ne se retrouve pas isolé et tombe dans la déprime.
Il n’est pas non plus recommandé de le faire redoubler mais au contraire de précipiter si possible son passage en CP. En effet, l’apprentissage de la lecture (méthode syllabique et non globale) va l’aider à corriger son trouble grâce au support visuel.